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Anne-Laure Bonnel: le chuchotement des coulisses est effrayant Songkrah




Par Anne-Laure Bonnel |

Lundi le 12 juin 2023

libre-media


Pour notre grand reporter Anne-Laure Bonnel, nous sommes entrés dans «l’âge du grand basculement du monde». 

Elle nous livre son questionnement sur le monde qui se dessine, conséquence de la guerre en Ukraine.

C’est en tant que femme, réalisatrice de documentaire, observatrice du monde et mère de famille que j’écris. C’est un point de vue personnel, mon regard sur ce monde qui se déconstruit amèrement sous nos yeux. Mais je sais aussi qu’il y a eu des miracles dans ce monde.

Songe d’une nuit d’été, l’air est lourd. Nous suffoquons. Pas un jour sans que cette intuition lancinante, dévorante, obsessionnelle, que tout nous échappe s’impose à moi.

L’intuition que nous entrons en guerre, une guerre d’un nouveau genre, une guerre terrible et impensée par nos élites. Le grand face-à-face ne fait que commencer.

Personne ne l’a voulu. Ni complot ni véritable préméditation. La sottise, l’avidité, et l’aveuglement auront suffi.

Un affrontement plus grand

La guerre Ukraine-Russie cède lentement mais sûrement sa place à un affrontement entre l’Occident et une grande partie de la planète. Ce grand affrontement se prépare. Tout nous échappe. Pour eux, pour nous, pour l’Ukraine, pour la Russie.



Les communiqués d’ambassades, les déclarations des chefs d’État, les nouvelles alliances qui se nouent, les alliances passées qui se déchirent allègrement, pour celui qui fait l’effort de les analyser, laissent peu de doute sur l’affrontement inédit qui se prépare.

-Anne-Laure Bonnel, grand reporter


Et pour moi, seule devant mon ordinateur, cela ne fait aucun doute, nous sommes entrés dans l’âge du grand basculement du monde. Nous entrons tous en guerre hybride, les uns contre les autres, mais nous ignorons contre qui et contre quoi précisément.

L’ennemi est invisible. Les valeurs, la morale nous ont quittés depuis de nombreuses guerres. Irak, Pakistan, Arménie, Ukraine, Vietnam, Libye, Tchétchénie, Syrie, Azerbaïdjan, Afghanistan, Congo, Soudan, Yémen, Rwanda, Liban, Éthiopie, Palestine, Israël, Iran, la liste est si longue, si longue, si longue. Interminable.

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L’indifférence à la haine est globale, internationale, universelle. Peu y échappe. Ayons, un instant, le courage de regarder face à face le réel.

La démocratie comme parenthèse

Le camp du bien, le camp du mal n’existent plus. La démocratie, la vraie, la belle et noble démocratie aura été une courte parenthèse de l’histoire. Il semble bien que la folie l’ait emportée. Elle a permis aux hommes de cesser de réfléchir, elle leur a permis de remplacer la morale, la justice, la vérité, par l’indifférence et la haine.

Nous suffoquons. L’air est lourd. Les communiqués d’ambassades, les déclarations des chefs d’État, les nouvelles alliances qui se nouent, les alliances passées qui se déchirent allègrement, pour celui qui fait l’effort de les analyser, laissent peu de doute sur l’affrontement inédit qui se prépare.

Une Guerre mondiale pas comme les autres. Ni comparable à la Première ni comparable à la Seconde mais une Guerre mondiale, sans aucun doute. Une guerre économique. Une guerre de sanctions. Des guerres civiles. Violences, pétrole, eau, terres rares, approvisionnement, ruptures de stocks. Et l’inflation. La récession.

Une partie de la planète nous dit au revoir. Droit dans les yeux. Il suffit de tendre l’oreille, il suffit d’écouter. Le monde bascule. Le monde s’inverse.

-Anne-Laure Bonnel, grand reporter


La guerre des ressources nous fera tous plier. Ce jeu ne fait que commencer. Des conflits de moyenne intensité peuvent poindre dans chaque recoin du globe. Et tout laisse à penser qu’il deviendra difficile de les freiner.

L’histoire s’est accélérée ces 15 derniers mois. L’histoire devient une fiction et le réel une énigme. Le doute, la peur, les armes ont conquis la planète. L’ancien monde s’éloigne.

Bouclez vos valises, messieurs, mesdames, le déménagement est imminent. Le nouveau monde peut faire couler beaucoup de larmes. Qu’est-ce que c’est que ce nouveau monde qui vient? C’est la nouvelle question des questions.

D’un monde à l’autre

Impossible de ne pas nous demander ce qui nous attend. Ce nouveau monde, que peut- il offrir? Ses fruits seront-ils plus tendres que ceux laissés par les Occidentaux? J'en doute.

Les hommes, la puissance, le pouvoir ne laissent que peu de place à l’altruisme, à l’empathie et à l’humanisme. Ici-bas, nous jouons à pile ou face. La vie est brève, l’éternité est longue.

Une partie de la planète nous dit au revoir. Droit dans les yeux. Il suffit de tendre l’oreille, il suffit d’écouter. Le monde bascule. Le monde s’inverse. Les évènements du monde se bousculent. Une guerre d’un nouveau genre est à nos portes. Pour celui qui tend l’oreille, le chuchotement des coulisses est effrayant.

Les Occidentaux, habitués par des années de règne sans partage, ne veulent pas voir. Ne veulent pas entendre. Ne veulent pas comprendre. Finalement, de tout cela, ne restera qu’une question. Qu’avons-nous fait de nos vies? Je pense à ma fille. Quel monde fou. Quel monde laisserons-nous à nos enfants?

À qui pouvons-nous nous fier? Quelles valeurs devrions-nous réinventer? Inventer? Porter? Clamer? Quels idéaux devons-nous défendre après les horreurs et les erreurs d’un passé qui colle à la peau de toute l’humanité. Comment devenir légitimes aux yeux du monde? Sommes-nous tous coupables? Pouvons-nous nous pardonner?

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Tout est parti de l’Ukraine. L’étincelle de trop. Nous regretterons longtemps cette étincelle. Est-il encore permis d’espérer quoi que ce soit au-delà̀ de la guerre mondiale? Quelqu’un peut-il encore nous sortir de ce bourbier? Chacun campe sur ses positions.

La vie est brève, l’éternité est longue. Peut-être que rien n’a de sens. «Si Dieu n’existe pas, tout est permis », écrivait-il. Il semblerait que tout soit permis. Et secrètement, j’espère que cela n’était qu’un songe, celui d’une violente nuit d’été.

Pardonner, ne pas avoir l’esprit de revanche. Osons y croire, juste un instant. La foi, l’amour, le dialogue, la diplomatie, le respect, les valeurs, peuvent-ils encore nous sauver? Pouvons-nous devenir des instruments de paix? 

Souvent, la volonté fait la différence. Il y a eu des miracles dans ce monde.

songkrah.blogspot.com

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