Macron en cicérone de l’Élysée : art contemporain à gogo pour les gogos ~ Songkrah
Les bureaux français de la chaîne américaine CNN ont obtenu, en exclusivité, une visite de l’Élysée avec, pour cicérone, Macron lui-même.
Une ode à l’art contemporain au cours de laquelle le présentateur Richard Quest frétille d’une émotion esthétique injustifiée.
L’Élysée, résidence officielle du président Emmanuel Macron, est l’un des grands monuments historiques de Paris. Depuis son arrivée, il y mêle le style classique à l’art et au design contemporains.
— CNN France PR (@CNNFrancePR) February 12, 2025
Il ouvre ses portes à @RichardQuest pour une visite exclusive des œuvres… pic.twitter.com/jWIEkmSlLu
Le parcours commence par le salon Cléopâtre, avec une tapisserie d’Yves Oppenheim - que Macron nomme Oppenheimer, mais après tout, on peut confondre Manet et Monet. Elle a remplacé La Rencontre d’Antoine et Cléopâtre d’après Natoire. L’œuvre avait donné son nom à la pièce. Elle a été remisée au profit de l’énorme gribouillage. L’Élysée précise qu’il est composé de 173 couleurs. Un peintre a toujours « trop de couleurs sur sa palette », disait Cocteau. D’autres œuvres contemporaines se laissent apercevoir. Une lampe en forme de rayons de ruche. Une sorte de bouteille Thermos™ sur une commode.
Passons au salon Pompadour, le clou de la visite, puisque la pièce a été « entièrement recréée avec de l’art contemporain », indique Macron. Des tables d’appoint dessinées par Bismut et Bismut. Une tapisserie d’après Miro (La Femme au miroir) écrase les boiseries XVIIIe. Ou est-ce le gigantesque canapé blanc signé Thierry Lemaire ? Il a remplacé « l'ensemble mobilier en bois doré Louis XV […] recouvert de lampes bleu et or à décor de fruits exotiques ». Pauvre table, pauvres chaises, reléguées comme des malpropres !
S’approprier un meublé
Le journaliste est enthousiaste sur cette combinaison de classique et de moderne. « C’est la démarche », lui répond Macron, en se rengorgeant. Dans ses rêves ! Une fenêtre gothique dans un mur roman, un baldaquin baroque dans une cathédrale gothique, oui, cela combine l’ancien et le moderne. L’art contemporain, lui, n’est à sa place qu’avec lui-même. Il se veut en rupture avec tout art du passé, et il l’est en effet. Il n’est pas d’ordre contemplatif ni décoratif, mais intellectuel (conceptuel).
« Vous impliquez-vous dans le choix des œuvres ? » « Complètement », répond Macron. Qui n’a pas envie d’embellir son intérieur ? D’enrichir un meublé tristounet où l’on traîne un second mandat ? Le Mobilier national est là, 130.000 biens où piocher (« tapisseries, tapis, meubles, pendules, lustres, céramiques, textiles historiques, dentelles... »). Mais l’abondance ne fait pas le goût.
L’art officiel d’une élite sans racines
L’art contemporain est l’art officiel d’une élite mondiale, sans identité et transnational, qu’a très bien décrit Aude de Kerros. À cette élite appartient le couple Macron. Dès une interview d’octobre 2017, le Président avait accroché de l’art contemporain aux murs de l’Élysée et tenait à ce que cela se voie. Il en met partout, jusqu'au Panthéon, avec une volumineuse commande à Antoine Kiefer qui faisait dire à Didier Rykner que, « privé de sa flèche contemporaine sur Notre-Dame, le Président a tenu absolument à poser sa marque sur un monument français emblématique, comme un enfant capricieux ».
Faute de flèche, Macron s’entête avec les vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris. Va-t-il aussi défigurer la colonnade de Perrault avec un guichet « contemporain » pour entrer au Louvre et accéder à La Joconde ? Caprices, certes, mais aussi volonté incessante de parasiter le patrimoine avec un art, un design, une architecture sans racines - comme à l’Élysée.
Ultime question en fin de visite, Richard Quest demande à Macron quelle œuvre il emporterait en quittant l’Élysée. Aucune. « Vous savez quoi, je prendrais juste mon stylo et je recommencerais. » Il recommencerait ! Au secours ! Qu’il emporte plutôt avec lui loin, très loin, son petit musée qui vieillira mal.
songkrah.blogspot.com
Enregistrer un commentaire for "Macron en cicérone de l’Élysée : art contemporain à gogo pour les gogos ~ Songkrah"