√La revue de presse internationale pour la semaine du 4 au 10 août 2025 ~ Songkrah
Par Wayan – Le 10 aout 2025 – Le Saker Francophone
La relation USA-Inde
Après le Brésil, c’est au tour de l’Inde d’être dans le collimateur de Trump. Le grand reproche fait à l’Inde est de participer à l’effort de guerre contre l’Ukraine en achetant du pétrole russe :
Un haut conseiller du président Donald Trump a accusé dimanche l’Inde de financer efficacement la guerre de la Russie en Ukraine en achetant du pétrole à Moscou, après que le dirigeant américain a intensifié la pression sur New Delhi pour qu’elle cesse d’acheter du pétrole russe.
« Ce qu’il (Trump) a dit très clairement, c’est qu’il n’est pas acceptable que l’Inde continue de financer cette guerre en achetant du pétrole à la Russie », a déclaré Stephen Miller, chef d’état-major adjoint à la Maison Blanche et l’un des collaborateurs les plus influents de Trump.
Puis Trump lui-même précise que :
Dans un post sur les réseaux sociaux, Trump a écrit : « L’Inde n’achète pas seulement d’énormes quantités de pétrole russe, elle le vend ensuite, pour une grande partie du pétrole acheté, sur le marché libre pour de gros profits. Ils se moquent du nombre de personnes tuées en Ukraine par la Machine de guerre russe. »
Ce n’est donc pas tant l’effort de guerre russe que l’Inde finance mais ses propres bénéfices, Trump le dit lui-même.
Alors, première punition :
Le président américain Donald Trump a déclaré mardi qu’il augmenterait les droits de douane imposés sur les importations en provenance d’Inde par rapport au taux actuel de 25% « de manière très substantielle » au cours des prochaines 24 heures, compte tenu des achats continus de pétrole russe par New Delhi.
Il a également déclaré qu’une offre de « tarif zéro » pour les importations de marchandises américaines en Inde n’était pas suffisante, alléguant que l’Inde « alimentait la guerre » en Ukraine.
La première réponse de l’Inde est de mettre le doigt sur l’hypocrisie étasunienne :
L’Inde a riposté aux critiques des États-Unis et de l’UE sur son commerce de pétrole avec la Russie, affirmant que les pays occidentaux faisaient encore plus d’affaires avec Moscou qu’eux-mêmes.
New Delhi a souligné le commerce occidental en cours avec Moscou, malgré les promesses répétées de rompre les liens économiques. « Contrairement à notre cas, un tel commerce n’est même pas une contrainte nationale vitale”, a affirmé le porte-parole.
Il a cité des données montrant que l’UE a échangé pour 67,5 milliards d’euros de marchandises avec la Russie en 2024 et 17,2 milliards d’euros de services en 2023, bien plus que le commerce total de l’Inde avec Moscou. Les importations européennes de GNL russe ont également atteint un record de 16,5 millions de tonnes l’année dernière, le commerce s’étendant au-delà de l’énergie aux engrais, produits chimiques, acier et machines.
Même Reuters confirme cette hypocrisie et en donne les détails :
Trois ans après que la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine, les États-Unis et l’Union européenne importent encore des milliards d’euros d’énergie et de matières premières russes, allant du gaz naturel liquéfié à l’uranium enrichi.
Voici les principaux liens commerciaux que les États-Unis, l’Europe et l’Inde entretiennent avec la Russie, et leur évolution au cours des quatre dernières années :
Cela devient une habitude pour beaucoup de pays du sud en cas de dispute/conflit avec l’Occident :
Le conseiller indien à la sécurité nationale Ajit Doval devrait se rendre en Russie cette semaine pour discuter de questions de défense et de sécurité, a rapporté mardi le Times of India.
La visite de Doval, bien que planifiée à l’avance, a pris une importance accrue à la suite des critiques du président américain Donald Trump sur les importations de pétrole indien en provenance de Russie.
Je rappelle que l’Inde entretient de bons rapports avec la Russie qui datent du temps de l’URSS.
La Russie a confirmé cette bonne entente :
Le Secrétaire du Conseil de sécurité russe Sergey Shoigu s’est entretenu jeudi avec le conseiller indien à la sécurité nationale Ajit Doval à Moscou. Le principal assistant du Premier ministre indien Narendra Modi est dans la capitale russe pour discuter de questions liées à la défense et à la sécurité.
”La Russie et l’Inde sont liées par des liens d’amitié solides, confiants et éprouvés”, a déclaré Shoigu à Doval. “Pour notre pays, le renforcement global du partenariat stratégique privilégié spécial avec l’Inde, fondé sur le respect mutuel, la considération égale des intérêts de chacun et le désir de faire avancer un programme unificateur, est d’une importance primordiale.”
Choïgou a déclaré que Moscou et New Delhi cherchaient à créer “un nouvel ordre mondial plus juste et durable, garantissant la suprématie du droit international et combattant conjointement les défis et les menaces modernes.”
La menace de Trump s’est rapidement concrétisée :
Le président américain Donald Trump a signé mercredi 6 août un décret ajoutant 25% de droits de douane sur les produits indiens, « en réponse à l’achat continu de pétrole russe », une source de revenus essentielle pour Moscou, a annoncé la Maison Blanche sur un de ses comptes X.
Cette nouvelle surtaxe vient s’ajouter à celle de 25% qui doit entrer en vigueur jeudi
50% de droits de douane pour les produits indiens rentrant aux USA. Evidemment :
Le ministère indien des Affaires étrangères a condamné cette décision, notant que Washington visait la sécurité énergétique de la nation la plus peuplée du monde.
Les importations de pétrole indien en provenance de Russie « sont basées sur des facteurs de marché et ont pour objectif global d’assurer la sécurité énergétique de 1,4 milliard d’Indiens”, a déclaré le porte-parole du ministère dans un communiqué.
“Nous réitérons que ces actions sont injustes, injustifiées et déraisonnables”, a ajouté le responsable, soulignant que “plusieurs autres pays” continuent de commercer avec la Russie conformément à leurs intérêts nationaux.
Puis Modi lui-même a affirmé la détermination de l’Inde à ne pas perdre sa souveraineté économique :
Le Premier ministre Narendra Modi a donné jeudi une réponse voilée aux menaces de Trump en disant que l’Inde « ne fera aucune compromission » contre l’intérêt de ces fermiers. « Pour nous, l’intérêt de nos agriculteurs est notre priorité absolue ».
Sans nommer les États-Unis ou Trump, le Premier ministre Modi a indiqué qu’il était conscient du coût d’une telle position. « Je sais que nous devrons en payer le prix fort et je suis prêt pour cela. L’Inde est prête pour cela« , a ajouté le Premier ministre.
Pour souligner sa souveraine détermination, l’Inde fait un pied de nez à Trump :
L’Inde et la Russie ont réaffirmé leur partenariat stratégique dans la métallurgie et le développement industriel, acceptant d’élargir leur coopération dans les domaines de l’aluminium, des engrais, des chemins de fer et des technologies minières. Cela a été rapporté par le service d’information du gouvernement indien à la suite de la 11e session du Groupe de travail Inde-Russie sur la modernisation et la coopération industrielle qui s’est tenue à New Delhi.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a déclaré vendredi qu’il avait eu une “conversation très bonne et détaillée avec mon ami le président Poutine”, alors que le président Trump a intensifié les menaces douanières cette semaine contre New Delhi pour ses achats de pétrole russe.
« Nous avons également examiné les progrès de notre programme bilatéral et réaffirmé notre engagement à approfondir davantage le Partenariat stratégique spécial et privilégié Inde-Russie. J’ai hâte d’accueillir le président Poutine en Inde plus tard dans l’année”, a déclaré le dirigeant indien.
Renforce sa coopération avec les autres membres des BRICS :
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a eu jeudi un entretien téléphonique d’une heure avec le Premier ministre indien Narendra Modi pour discuter des perspectives économiques mondiales et de la montée des tensions commerciales.
Les deux dirigeants ont réaffirmé l’importance de » défendre le multilatéralisme et la nécessité de faire face aux défis mondiaux actuels”, tout en explorant une intégration plus profonde entre les deux nations, indique le communiqué.
Et annule ses prospectives commerciales avec les Etats-Unis :
New Delhi a suspendu ses projets d’achat de nouvelles armes et avions américains, selon trois responsables indiens au courant du dossier, dans le premier signe concret de mécontentement de l’Inde après que les taxes douanières imposés sur ses exportations par le président Donald Trump ont traîné les liens à leur plus bas niveau depuis des décennies.
L’Inde avait prévu d’envoyer le ministre de la Défense Rajnath Singh à Washington dans les semaines à venir pour une annonce sur certains des achats, mais ce voyage a été annulé, ont déclaré deux des personnes.
La relation Inde-Philippines
Jusqu’à récemment, le calcul de l’Inde était de s’appuyer sur les Etats-Unis pour contrebalancer le poids de la Chine en Asie. Calcul réciproque puisque les Etats-Unis étaient contents d’utiliser la méfiance indienne envers la Chine pour augmenter sa pression sur la Chine. Ce besoin réciproque avait même donné naissance au QUAD, une association regroupant les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie, quatre pays naturellement méfiants envers la Chine communiste.
Mais, comme nous venons de le voir, la diplomatie Trump est en train de remettre en question ce partenariat. L’Inde prend alors sa propre diplomatie en main pour lier elle-même des alliances dans le but de contrer la Chine. Un des premiers pays vers lequel elle se tourne est bien sur les Philippines dont le gouvernement actuel est publiquement anti-chinois :
L’Inde et les Philippines ont annoncé la mise en place d’un partenariat stratégique, à la suite d’entretiens entre le Premier ministre Narendra Modi et le président Ferdinand R Marcos Jr, mardi.
“Nous avons décidé de porter nos relations au niveau de partenariat stratégique”, a déclaré Modi lors d’un point de presse conjoint avec Marcos à New Delhi mardi. « Notre commerce bilatéral ne cesse d’augmenter et il a dépassé les 3 milliards de dollars. Pour le renforcer davantage, notre priorité est de terminer un examen du libre-échange Inde-Anase dès que possible.”
” Nous exprimons notre satisfaction quant au rythme rapide de la modernisation de la défense en cours aux Philippines et à l’expansion des capacités et de l’empreinte de l’industrie indienne de la défense en tant que partenaire dans cette entreprise, comme en témoigne notre projet BrahMos », a déclaré Marcos.
Et, là encore, ce commerce repose en partie sur de l’armement :
La défense, la sécurité et la coopération maritime sont parmi les piliers clés de la relation et figureront en tête de l’ordre du jour de l’engagement bilatéral de Marco avec le Premier ministre Narendra Modi mardi. Parlant de la livraison en cours du missile de croisière BrahMos à Manille, Brawner a également déclaré que deux ensembles de systèmes de missiles développés conjointement par l’Inde et la Russie arriveront aux Philippines au cours des prochaines années.
Mais au-delà du commerce, la pratique militaire n’est pas oubliée :
Dans le cadre du déploiement opérationnel en cours de la Marine en Asie du Sud-Est avec un œil attentif sur le comportement agressif de la Chine dans l’Indo-Pacifique, trois navires de guerre indiens ont maintenant atteint les Philippines tandis qu’un autre s’exerce avec la marine de Singapour
Enfin, consciente de son retard militaire face à la Chine :
New Delhi a approuvé des achats d’armement d’une valeur d’environ 7,6 milliards de dollars dans le but d’améliorer les capacités opérationnelles de ses forces armées, a annoncé mardi le ministère indien de la Défense dans un communiqué.
Miroir de la course européenne aux armements face à la Russie, toute la région Pacifique s’arme face à la Chine :
Le Japon a conclu mardi un accord historique de 10 milliards de dollars (6,5 milliards de dollars) pour la construction de navires de guerre pour l’Australie, marquant la vente de défense la plus conséquente de Tokyo depuis la fin d’une interdiction d’exportation militaire en 2014 alors qu’il s’éloigne du pacifisme d’après-guerre pour contrer la Chine.
La Corée du Sud et les États-Unis mèneront d’importants exercices militaires conjoints à partir du 18 août, ont annoncé des responsables, bien qu’ils retarderont certaines parties des exercices annuels qui ont été une source de tension avec la Corée du Nord à plus tard dans l’année.
Mais en face aussi ils s’entrainent :
Les marines russe et chinoise mènent des exercices d’artillerie et de lutte anti-sous-marine en mer du Japon dans le cadre d’exercices conjoints prévus, a déclaré dimanche la Flotte russe du Pacifique.
Les exercices ont lieu deux jours après que le président américain Donald Trump a déclaré qu’il avait ordonné que deux sous-marins nucléaires soient positionnés dans « les régions appropriées » en réponse aux remarques de l’ancien président russe Dmitri Medvedev.
La guerre en Ukraine
Quelques jours avant que Trump n’impose ses « sanctions secondaires » contre les clients de la Russie, il envoie son conseiller spécial rencontrer Poutine :
La rencontre entre le président russe et l’émissaire américain s’est achevée mercredi dans l’après-midi à l’issue de « près de trois heures » de discussions, a écrit l’agence de presse officielle russe Tass, sans donner plus de détails. « Une conversation très utile et constructive a eu lieu » au Kremlin sur le conflit en Ukraine et les relations russo-américaines, a de son côté déclaré à la presse le conseiller diplomatique du chef de l’État russe, Iouri Ouchakov, assurant que la Russie avait « envoyé certains signaux » sur le dossier ukrainien.
Du coté étasunien, le résultat de cette rencontre est vu positivement :
Le président américain Donald Trump a salué le résultat de la réunion de mercredi entre son homologue russe, Vladimir Poutine, et l’envoyé spécial américain Steve Witkoff, la qualifiant de « très productive ».”
Les deux parties travailleront à mettre fin au conflit ukrainien “dans les jours et les semaines à venir”, a écrit le dirigeant américain dans un article sur Truth Social, quelques heures après la fin de la réunion. Selon Trump, de » grands progrès” ont été réalisés au cours des pourparlers de trois heures.
D’après le Kremlin, les étatsuniens ont fait une offre :
La Russie a reçu une offre « acceptable » des États-Unis sur le règlement du conflit ukrainien, a déclaré l’assistant du Kremlin Iouri Ouchakov, à la suite d’une visite de l’envoyé spécial américain Steve Witkoff à Moscou.
S’adressant aux journalistes jeudi, Ouchakov a commenté les entretiens entre Witkoff et le président russe Vladimir Poutine, notant que Moscou avait reçu une “proposition des Américains” qu’il était prêt à examiner, sans fournir plus de détails.
L’assistant du Kremlin avait précédemment qualifié la réunion Poutine-Witkoff de “commerciale et constructive », ajoutant que “les liens russo-américains pourraient se développer selon un scénario complètement différent et mutuellement bénéfique”, par rapport aux tensions de longue date sur l’Ukraine.
Pourtant, selon Reuters, Trump continue à vouloir imposer des sanctions secondaires aux clients de la Russie malgré cette rencontre « positive » :
Un responsable de la Maison Blanche a déclaré plus tôt que la réunion s’était bien déroulée et que Moscou était impatient de continuer à dialoguer avec les États-Unis.
Le responsable a déclaré que les sanctions secondaires que Trump avait menacées contre les pays faisant des affaires avec la Russie devraient toujours être mises en œuvre vendredi. Aucun détail n’a été fourni.
Et le réarmement de l’Ukraine, aux frais des européens, a repris de plus belle après la volte-face de Trump à ce sujet :
Quatre pays européens ont accepté d’acheter pour 1 milliard de dollars d’armes américaines et de les envoyer en Ukraine dans le cadre d’un nouvel arrangement annoncé par le président Trump le mois dernier.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses remerciements pour l’aide apportée sur les réseaux sociaux.
« Nous avons déjà des engagements des Pays-Bas, de la Suède, de la Norvège et du Danemark – plus d’un milliard de dollars pour les armes américaines que l’Ukraine recevra. Je vous remercie ! Cette coopération avec les pays de l’OTAN se poursuivra », a écrit Zelensky sur X. Il a également déclaré qu’il avait eu une « conversation productive » avec Trump.
De son côté, la Russie sort du traité INF (Intermediate range nuclear forces) que Trump lui-même avait unilatéralement abandonné lors de son premier mandat :
La Russie a déclaré qu’elle ne se considérait plus liée par un moratoire auto-imposé sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire à capacité nucléaire, un avertissement qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle course aux armements alors que les tensions entre Moscou et Washington augmentent à nouveau au sujet de l’Ukraine.
Dans un communiqué publié lundi, le ministère russe des Affaires étrangères a lié cette décision aux efforts déployés par les États-Unis et leurs alliés pour développer des armes à portée intermédiaire et préparer leur déploiement en Europe et dans d’autres parties du monde. Il a spécifiquement cité les plans américains de déployer des missiles Typhoon et Dark Eagle en Allemagne à partir de l’année prochaine.
Paradoxalement, dans une énième volte-face de Trump, les Etats-Unis se sont alignés sur la Russie lors d’un vote sur l’Ukraine à l’ONU :
Un peu plus tard, au Conseil de sécurité, les États-Unis ont ensuite voté avec la Russie en faveur d’une résolution qui omet de qualifier les Russes d’agresseur et qui ne reconnait pas l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Cette résolution nous « place sur la voie de la paix » assure l’ambassadrice par intérim des États-Unis à l’ONU, Dorothy Shea qui a salué un « vote historique ». Résolution adoptée à 10 voix pour et 5 absentions dont celle de la France. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Grèce et la Slovénie se sont également abstenus. « Il n’y aura ni paix ni sécurité nulle part si les agressions sont récompensées et si la loi de la jungle l’emporte » a regretté l’ambassadeur de France auprès des Nations unies, Nicolas de Rivière. « C’est un moment de vérité, un moment historique » déclare la vice-ministre des Affaires étrangères ukrainien.
Une volte-face que Trump a peut-être fait pour sauvegarder sa réunion avec Poutine :
Le président américain Donald Trump rencontrera le président russe Vladimir Poutine pour négocier la fin de la guerre en Ukraine le 15 août en Alaska, a déclaré Trump vendredi.
Trump a fait cette annonce sur les réseaux sociaux après avoir déclaré que les parties, y compris le président ukrainien Vladimir Zelenski, étaient proches d’un accord de cessez-le-feu qui pourrait résoudre le conflit mais qui pourrait obliger l’Ukraine à céder un territoire important.
« Il y aura un échange de territoires pour le bien des deux parties », a déclaré le président républicain.
Une réunion que Poutine aura préparée avec d’autres dirigeants mondiaux :
Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu vendredi avec les dirigeants de la Chine, de l’Inde et de trois anciens États soviétiques dans une rafale d’appels pour les informer de ses contacts avec les États-Unis au sujet de la guerre en Ukraine.
Un reflet de sa politique multilatérale avec les « pays du Sud ».
Par contre, Zelenski ne veut toujours pas entendre parler de « concessions territoriales » :
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a catégoriquement rejeté samedi la proposition du président Trump selon laquelle un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie pourrait inclure “un échange de territoires”, un plan qui signifierait en fait céder des terres à Moscou.
” Les Ukrainiens ne donneront pas leurs terres à l’occupant », a déclaré M. Zelensky dans une allocution vidéo depuis son bureau à Kiev, plusieurs heures après les remarques de M. Trump, qui semblaient négliger le rôle de l’Ukraine dans les négociations.
“Toutes les décisions prises contre nous, toutes les décisions prises sans l’Ukraine, sont en même temps des décisions contre la paix”, a déclaré M. Zelensky. « Ils n’apporteront rien. Ce sont des décisions mortes ; elles ne fonctionneront jamais.”
L’Europe non plus, qui réitère sa demande de cessez-le-feu immédiat :
Les pays européens et l’Ukraine ont répondu au » plan de cessez-le-feu russe » par une contre-proposition qui, à leur avis, devrait constituer la base des négociations à venir entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
La proposition de Kiev et de ses alliés appelle à un cessez-le-feu obligatoire avant toute autre mesure, ainsi qu’à tout « échange de territoires » uniquement sur une base mutuelle – c’est-à-dire que si l’Ukraine retire ses troupes de certaines régions, la Russie doit retirer ses troupes des autres, écrit le WSJ.
En outre, ce plan stipule que toute concession territoriale de Kiev doit être soutenue par des garanties de sécurité à toute épreuve – en particulier, l’adhésion potentielle de l’Ukraine à l’OTAN, indique l’article.
Donc l’Europe revient sur une proposition déjà refusée plusieurs fois par Poutine. Peu de chances que cette nième proposition fasse avancer les choses. Les chances d’une véritable paix s’amenuisent encore et la Russie le voit bien :
Certains pays feront des « efforts titanesques » pour perturber la réunion annoncée vendredi par le président américain Donald Trump avec le président russe Vladimir Poutine pour le 15 août, a déclaré samedi l’envoyé russe pour les investissements Kirill Dmitriev.
« Sans aucun doute, un certain nombre de pays intéressés par la poursuite du conflit feront des efforts titanesques pour perturber la rencontre prévue entre le président Poutine et le président Trump », a-t-il déclaré dans un message sur son compte Telegram, précisant que par efforts, il entendait « provocations et désinformation ».
Tout cela va encore mettre Trump en colère contre Zelenski et les européens. Et cela aussi Poutine le voit bien.
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En Moldavie, comme en Ukraine ou en Géorgie, tous des pays partagés entre des populations pro-européenne ou pro-russes, les tensions politiques autour de ces lignes ethniques se creusent :
Evgenia Gutsul, la cheffe de l’opposition régionale moldave emprisonnée, a dénoncé sa condamnation comme une répression à motivation politique, avertissant que le verdict constitue “un coup porté à la démocratie” et une menace pour quiconque conteste les dirigeants pro-occidentaux du pays.
Un tribunal de Chisinau a condamné Gutsul à sept ans de prison mardi pour avoir prétendument financé le parti eurosceptique désormais interdit SOR – une accusation due au fait qu’elle fait partie d’un effort plus large pour faire taire la dissidence avant les élections de l’année prochaine.
Elle a déclaré que la sentence visait à intimider les habitants de Gagaouzie [la région russophone dont elle est la dirigeante] et à faire taire les critiques. « Aujourd’hui, c’est moi derrière les barreaux – demain, ce pourrait être n’importe qui qui oserait critiquer les autorités. Ce n’est pas une sentence contre moi, c’est une sentence pour l’ensemble du système démocratique de Moldavie”, a-t-elle écrit.
Gutsul est à la tête de la Gagaouzie, une région à prédominance russophone du sud de la Moldavie, depuis qu’elle a remporté les élections de 2023 en tant que candidat de la SOR. Le parti a été interdit plus tard cette année-là pour avoir prétendument accepté des financements étrangers illicites. Gutsul a fait campagne en promettant de nouer des liens plus étroits avec la Russie, contrairement aux politiques pro-européeennes du gouvernement de la présidente Maia Sandu.
Les allégations de corruption électorale utilisées par la police moldave pour justifier une série de raids constituent une persécution politique de l’opposition, selon le politicien en exil Ilan Shor.
Ilan Shor, qui dirige, de l’étranger, le bloc politique de la victoire de l’opposition interdit, a affirmé que les raids visaient à faire taire son mouvement. Le bloc tente de renverser une interdiction l’empêchant de participer aux élections législatives moldaves qui se tiendront en septembre.
“Les forces de l’ordre bouleversent les bureaux et les maisons uniquement sous ce soupçon insensé d’ingérence dans l’élection de 2025, qui n’a même pas eu lieu”, a déclaré Shor. « Ces perquisitions ne sont qu’une répression politique supplémentaire et une intimidation de quiconque refuse de soutenir ces scélérats.”
Même Timoshenko, une ancienne première ministre ukrainienne ayant pourtant accéder au pouvoir grâce à la « révolution orange », officieusement financée et organisée par l’Occident, dénonce maintenant l’influence excessive de l’Occident sur son pays :
Le contrôle occidental sur l’Ukraine a atteint des niveaux « inacceptables » et transforme l’Ukraine en une” colonie privée de ses droits », selon l’ancienne Première ministre du pays, Ioulia Timochenko. Les États-Unis et l’UE utilisent le conflit en cours pour “saper” la souveraineté de la nation, a-t-elle déclaré au Times.
Dans une interview publiée lundi, Timochenko a affirmé que les experts occidentaux jouent un rôle clé dans les commissions nommant des hauts fonctionnaires aux plus hautes instances judiciaires ukrainiennes, notamment la Cour constitutionnelle, le service des douanes, le Bureau d’enquête de l’État et diverses agences de lutte contre la corruption.
Selon le Times, chacune de ces commissions est composée de trois membres ukrainiens et de trois membres occidentaux, les Occidentaux pouvant opposer leur veto aux candidats potentiels par un vote conjoint. En cas d’égalité, les votes des membres occidentaux ont plus de poids que ceux des Ukrainiens. Des ressortissants britanniques font partie de ceux qui siègent aux commissions, a noté le journal.
Depuis l’escalade du conflit entre Moscou et Kiev, “les pays occidentaux, sous la menace de refuser des prêts, ont imposé un contrôle inacceptable sur les institutions étatiques ukrainiennes”, a déclaré Timochenko, qualifiant ce contrôle de “cruel et injuste ».”
Donc, quand la Russie aide et finance les pro-russes de ces pays c’est de « l’ingérence et du financement étranger illicite » mais quand l’Occident aide et finance les pro-européens de ces pays c’est « de l’aide militaire et des prêts financiers tout à fait légaux », pour la « défense de la démocratie » rajoutent même les plus virulents, tout en soutenant ces attaques, pourtant bien peu démocratiques, contre l’opposition.
Israël/Gaza
Cette semaine nous assistons à un « combat des chefs » israéliens au sujet de Gaza. Signe que la « guerre contre Gaza » ne se passe pas comme le gouvernement israélien le prévoyait :
Plus d’une douzaine d’anciens hauts responsables de la sécurité israélienne ont publié dimanche un message vidéo conjoint appelant à mettre fin à la guerre à Gaza, affirmant qu’Israël avait accumulé plus de pertes que de victoires et que les combats se prolongeaient pour des raisons politiques plutôt que pour des besoins militaires stratégiques.
“Chacun de ces hauts responsables a participé aux réunions du cabinet, a opéré dans les cercles intérieurs, a assisté à tous les processus décisionnels les plus sensibles”, indique une voix off au début de la vidéo en guise d’introduction. « Ensemble, ils ont plus de mille ans d’expérience en matière de sécurité nationale et de diplomatie.”
Les critiques du gouvernement disent que Netanyahu évite de s’entendre sur une fin permanente de la guerre et le retour des 50 otages encore en captivité afin de préserver sa coalition, qui s’appuie sur des partis d’extrême droite qui insistent pour poursuivre le combat et dont les dirigeants ont exprimé leur désir de conquérir définitivement Gaza, d’expulser ses habitants et de la réinstaller avec des Juifs.
Pour avoir plus de poids, ils demandent même l’aide de Trump :
L’ancien chef du Mossad, Tamir Pardo, l’ancien chef du Shin Bet, Ami Ayalon et l’ancien chef adjoint de Tsahal, Matan Vilnai, ont annoncé dimanche qu’ils avaient envoyé une lettre au président américain Donald Trump lui demandant de contraindre le Premier ministre Benjamin Netanyahu à mettre fin à la guerre actuelle.
Ce n’est pas la première fois que le groupe presse le gouvernement de changer de vitesse et de se concentrer davantage sur le retour des otages israéliens et sur un plan d’après-guerre pour Gaza, mais il a souligné à quel point la situation d’Israël est désespérée à l’échelle mondiale en termes de légitimité.
Mais ni Trump ni ces hauts fonctionnaires israéliens n’ont pu faire changer d’avis Netanyahou :
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait déclaré aux ministres cette semaine qu’il solliciterait le soutien du cabinet pour un plan d’occupation complète de la bande de Gaza, malgré les objections des Forces de défense israéliennes.
Selon des informations parues dans les médias hébreux, plusieurs ministres ont déclaré que Netanyahu avait utilisé le terme “occupation de la bande” dans des conversations privées décrivant sa vision de l’expansion des opérations militaires à Gaza — un changement notable de ton alors que le gouvernement se prépare à discuter de l’avenir de la campagne de Gaza.
Le site d’information Ynet a cité un haut responsable proche du premier ministre disant : “Les dés sont jetés — nous allons vers une occupation complète de la bande de Gaza.”
Par conséquent, les tensions internes au gouvernement israélien se sont intensifiées :
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef d’État-major des Forces de défense israéliennes Eyal Zamir se seraient affrontés sur le plan du gouvernement d’occuper pleinement la bande de Gaza, Zamir arguant que la décision constitue un “piège” pour Tsahal.
Les deux hommes se sont également disputés, selon les médias en hébreu, à propos d’un message sur X du fils du Premier ministre, Yair Netanyahu, qui n’occupe pas de poste au gouvernement. Le jeune Netanyahu s’en est pris à Zamir et a suggéré qu’il était à l’origine d’une “rébellion et d’une tentative de coup d’État militaire digne d’une république bananière en Amérique centrale dans les années 70″”
Zamir s’est opposé à cette accusation, déclarant lors de la réunion, selon le radiodiffuseur public Kan : “À quoi cela ressemble-t-il ? Pourquoi m’attaques-tu ? Pourquoi parles-tu contre moi en pleine guerre ?”
Mais Netanyahou se prépare malgré tout à envahir militairement Gaza :
Des images satellites commerciales montrent l’armée israélienne en train de constituer des troupes et du matériel près de la frontière avec Gaza qui soutiendraient une éventuelle nouvelle invasion terrestre de l’enclave palestinienne, selon trois responsables américains et un ancien responsable qui ont visionné les images. Les images montrent des mouvements et des formations de troupes que les quatre sources ont reconnus comme des signes d’une opération terrestre majeure imminente.
L’ONU proteste mais on sait déjà comment Netanyahou considère les décisions de l’ONU :
Le plan du gouvernement israélien « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a déclaré, vendredi 8 août, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk dans un communiqué cité par l’AFP. Ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, « va à l’encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux États convenue et du droit des Palestiniens à l’autodétermination », accuse M. Türk.
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Gaza n’est pas la seule cible actuelle de Netanyahou, le Liban aussi malgré un cessez-le-feu qu’Israël a signé mais n’a jamais respecté :
Cinq personnes ont été tuées et dix autres blessées dans une frappe israélienne dans l’est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé, la dernière attaque en date en dépit d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Alors comment le Hamas pourrait-il croire aux engagements d’Israël si un cessez-le feu était signé entre les deux parties ? D’autant plus que le précédent cessez-le-feu avec le Hamas a aussi été rompu unilatéralement par Israël.
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Les demandes de reconnaissance de la Palestine se sont un peu calmées cette semaine, mais un journaliste israélien renommé et courageux, Gideon Levy, exhorte la « communauté internationale » à aller plus loin qu’une simple reconnaissance de la Palestine qui ne changera pas grand-chose sur le terrain ; comme ce fut le cas des accords d’Oslo :
La reconnaissance internationale d’un État palestinien récompense Israël, qui devrait remercier chaque pays qui le fait, car une telle reconnaissance constitue une alternative trompeuse à ce qui doit réellement être fait – imposer des sanctions.
Un vœu pieux dont personne n’ose aborder le sujet, un sujet qui semble même tabou pour les dirigeants et analystes politiques du monde entier alors que les sanctions sont devenues l’outil de coercion favori des dirigeants occidentaux. On constatera là encore la rapidité avec laquelle l’Occident, l’ONU et la CCI avait sanctionné et condamné Poutine quand il a envahi militairement l’Ukraine et la lenteur et les atermoiements des mêmes instances face au génocide des civils gazaouis orchestré par Netanyahou. Une justice internationale visiblement à deux vitesses, en faveur du bloc occidental.
On se souvient que pendant la « guerre de 12 jours » entre Israël et l’Iran, Israël avait censuré toute vidéo des frappes iraniennes sur ce pays, permettant ainsi de faire croire que l’Iran avait été profondément frappé alors qu’Israël ne s’en était sorti qu’avec quelques égratignures, en grande partie grâce à son « dôme de fer », ses défenses anti-missiles. Les médias iraniens avaient décrit les dégâts en Israël mais aucun média occidental n’avait retransmis l’information. Cette semaine, France 24 a rompu le mur de censure, confirmant que nombres de cibles sensibles, militaires et scientifiques, avaient, comme en Iran, été durement touchées :
Un mois après la fin du conflit entre l’Iran et Israël, les dégâts causés par la République islamique restent flous en grande partie à cause de la censure israélienne. Les images analysées par l’équipe d’observateurs de FRANCE 24 montrent que l’Iran a causé d’importants dégâts et touché au moins huit cibles stratégiques et militaires.
L’Afrique
Une nouvelle preuve de l’ingérence extérieure dans les conflits internes à l’Afrique. Cette fois ce sont les Emirats Arabes Unis qui alimentent la guerre civile au Soudan :
Au Soudan, l’armée a mené, mercredi 6 août, une frappe contre un avion-cargo à son atterrissage à l’aéroport de Nyala, capitale du Darfour du Sud, tenue par les Forces de soutien rapide (FSR). L’appareil, loué par les Émirats arabes unis, transportait à son bord 40 mercenaires colombiens ainsi que du matériel militaire. L’avion a été totalement détruit. Selon les autorités soudanaises, tous les occupants ont été tués. La télévision nationale a diffusé des images de la frappe et le président colombien a reconnu les faits. Un tournant dans la guerre au Soudan qui révèle l’implication d’Abu Dhabi aux côtés des FSR.
Cela faisait plusieurs mois que le Soudan s’en plaignait mais les EAU niaient toute implication :
En mai, le gouvernement soudanais a rompu ses relations diplomatiques avec Abou Dhabi, l’accusant de violer la souveraineté soudanaise en fournissant des armes à son “agent local”, les SFR. La décision faisait suite à un revers pour le Soudan devant la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a rejeté une accusation de génocide que Khartoum avait déposée contre les Émirats arabes Unis.
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Mardi, le ministère des Affaires étrangères des EAU a” catégoriquement « rejeté les dernières affirmations de Khartoum, les qualifiant de « fausses et infondées ».”
“Les Émirats arabes Unis affirment que ces allégations sans fondement, entièrement dépourvues de preuves, ne sont rien de plus que de faibles cascades médiatiques visant à détourner l’attention de la responsabilité directe de l’Autorité de Port-Soudan dans la prolongation de la guerre civile”, a-t-il déclaré.
Malgré cette dénégation, l’aéroport d’Abu Dhabi a été interdit à la compagnie aérienne soudanaise :
Les Émirats arabes Unis (EAU) ont interdit aux avions soudanais d’atterrir dans leurs aéroports, a rapporté mercredi l’agence de presse SUNA de l’État africain, quelques jours après que les autorités ont accusé le pays du Golfe de soutenir des mercenaires étrangers impliqués dans des actes hostiles.
SUNA a cité une déclaration de l’Autorité de l’aviation civile soudanaise selon laquelle les Émirats Arabes Unis avaient également empêché un avion de ligne soudanais de décoller à l’aéroport d’Abou Dhabi.
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