Lettre à Alain Delon [par Jean-Paul Pelras] ~ Songkrah
Monsieur, en parcourant l’actualité, en cherchant l’inspiration nécessaire à la rédaction de ma correspondance hebdomadaire, je me suis demandé s’il restait encore quelqu’un, parmi les personnalités qui ont accompagné notre histoire contemporaine, capable de nous rassurer.
Et puis, je me suis souvenu de cette déclaration datant de 2018, lorsque vous disiez : “Je hais cette époque, (…) tout est faux, tout est faussé, il n’y a plus de respect, plus de parole donnée…”
Ce respect dont vous avez fait preuve au détour d’une rue quand, alors que nous sortions avec l’ami Pierre-Jean d’une réunion agricole, vous nous avez gratifié d’un “Bonjour messieurs” avant de disparaître, boulevard Haussmann, dans la pénombre d’un immeuble ancien. (Comment oublier cet instant où nous venions de croiser à la fois Le samouraï, Un flic, Le battant, Corey, L’homme pressé et Monsieur Klein… ?). Ce respect qui disparaît progressivement de nos écrans où j’apprends qu’une ancienne finaliste aux élections présidentielles va bientôt animer une émission aux côtés de celui qui remplissait son slip de vermicelles. Ce respect où le cinéma que vous avez si bien représenté n’est plus celui du Guépard, de Plein soleil, du Cercle rouge ou des Granges brûlées. Mais celui de ceux qui veulent nous apprendre à penser, car ils croient que la portée de leur talent est proportionnelle à celle de leurs idées.
Ces idées qui rangent du côté des personnes peu fréquentables ceux qui écoutent encore Sardou, regardent Delon ou lisent D’Ormesson. Ces idées qui plébiscitent le propos d’Omar Sy et de Mbappé ou, entre autres célébrités rétribuées avec nos deniers, celui de ces député(e)s qui défilent ces temps-ci aux côtés de la famille Traoré.
Dire que notre pays est en train de perdre ses quatre points cardinaux est un euphémisme si l’on considère ce dont certains politiciens sont capables quand, au lieu d’encourager la concorde, ils passent leur temps à promouvoir le désordre. D’où l’idée de cette correspondance adressée à la dernière icone du cinéma français, partenaire à l’écran de Lino, de Gabin, de Belmondo et, dans la vie, de Mireille, de Nathalie, de Romy…
Grand témoin de ce que fut notre pays quand la “parole donnée” existait encore, c’est le regard de Delon que nous allons chercher au temps des DS, des cabines téléphoniques, des trains de nuit, des routes de campagnes, des bistrots de quartier, des flics et des voyous qui savaient encore établir une différence entre l’honneur et l’indignité.
Vous avez, avec ces actrices et ces acteurs qui ont fait, au cours des Trente glorieuses, les grandes heures du cinéma français, incarné le panache, l’élégance, l’audace, la force, l’exigence et la beauté d’un modus vivendi que le monde entier nous enviait. Vous avez, de Réné Clément à Melville en passant par Giovanni, Lautner, Deray ou Visconti joué ce que nous aurions aimé jouer, aimé celles que nous aimions, croisé ceux que nous ne pourrons jamais oublier, peut-être car nous sommes encore quelques millions à assumer, sans trembler, cette portion consubstantielle de nostalgie qui porte en elle les valeurs qui faisaient le prestige de notre pays.
Ces idées qui rangent du côté des personnes peu fréquentables ceux qui écoutent encore Sardou, regardent Delon ou lisent D’Ormesson. Ces idées qui plébiscitent le propos d’Omar Sy et de Mbappé ou, entre autres célébrités rétribuées avec nos deniers, celui de ces député(e)s qui défilent ces temps-ci aux côtés de la famille Traoré.
Dire que notre pays est en train de perdre ses quatre points cardinaux est un euphémisme si l’on considère ce dont certains politiciens sont capables quand, au lieu d’encourager la concorde, ils passent leur temps à promouvoir le désordre. D’où l’idée de cette correspondance adressée à la dernière icone du cinéma français, partenaire à l’écran de Lino, de Gabin, de Belmondo et, dans la vie, de Mireille, de Nathalie, de Romy…
Grand témoin de ce que fut notre pays quand la “parole donnée” existait encore, c’est le regard de Delon que nous allons chercher au temps des DS, des cabines téléphoniques, des trains de nuit, des routes de campagnes, des bistrots de quartier, des flics et des voyous qui savaient encore établir une différence entre l’honneur et l’indignité.
Vous avez, avec ces actrices et ces acteurs qui ont fait, au cours des Trente glorieuses, les grandes heures du cinéma français, incarné le panache, l’élégance, l’audace, la force, l’exigence et la beauté d’un modus vivendi que le monde entier nous enviait. Vous avez, de Réné Clément à Melville en passant par Giovanni, Lautner, Deray ou Visconti joué ce que nous aurions aimé jouer, aimé celles que nous aimions, croisé ceux que nous ne pourrons jamais oublier, peut-être car nous sommes encore quelques millions à assumer, sans trembler, cette portion consubstantielle de nostalgie qui porte en elle les valeurs qui faisaient le prestige de notre pays.
Voilà Monsieur, ce que, modestement je voulais adresser aujourd’hui à celui qui, sans nous connaître, nous salua, tout simplement, voilà déjà presque trente ans dans une rue de Paris.
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