√Lorsque le Pentagone changera ses priorités, la stratégie étasunienne suivra-t-elle ? ~ Songkrah

Par Moon of Alabama – Le 6 septembre 2025

Est-ce le signe d’un changement dans la stratégie mondiale des États-Unis ?

Selon un article de Politico :

Le plan du Pentagone donne la priorité à la patrie plutôt qu’à la menace chinoise

Cela marque un changement majeur par rapport à la première administration Trump, qui mettait l’accent sur la dissuasion contre Pékin.

Les responsables du Pentagone proposent que le département donne la priorité à la protection de la patrie et de l’hémisphère occidental, un changement frappant par rapport au mandat de longue date de l’armée de se concentrer sur la menace chinoise.

Un projet de la nouvelle Stratégie de défense nationale, qui a atterri sur le bureau du secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, la semaine dernière, place les missions nationales et régionales au-dessus de la lutte contre des adversaires tels que Pékin et Moscou, selon trois personnes informées des premières versions du rapport.

Cette décision marquerait un changement majeur par rapport aux récentes administrations démocrates et républicaines, y compris le premier mandat du président Donald Trump, lorsqu’il qualifiait Pékin de plus grand rival des États-Unis. Et cela enflammera probablement les va-t-en-guerres antichinois des deux partis qui considèrent le leadership du pays comme un danger pour la sécurité des États-Unis.

“Cela va être un changement majeur pour les États-Unis et leurs alliés sur plusieurs continents”, a déclaré l’une des personnes informées du projet de document. “La confiance en les anciennes promesses américaines seront remises en question.”

La Stratégie de Défense nationale (SDN) est rédigée par le bureau du sous-Secrétaire à la Défense pour la Politique qui est actuellement détenu par l’archi-réaliste Elbridge Colby.

Le projet de la nouvelle SDN semble contredire ses croyances antérieures :

S’identifiant comme un réaliste, Colby pense que la Chine est la principale menace à laquelle sont confrontés les États-Unis. Il pense que les États-Unis devraient transférer leurs ressources militaires en Asie pour empêcher une prise de contrôle chinoise de Taiwan. Colby soutient la réduction de l’aide militaire à l’Ukraine. Lors de l’examen d’AUKUS en 2025, Elbridge a fait pression sur l’Australie pour qu’elle confirme le rôle qu’elle jouerait dans une guerre contre la Chine à propos de Taiwan.

Colby veut changer la politique de défense des États-Unis consistant à se concentrer sur la Chine, comme il la soutenait précédemment, pour se tourner vers l’hémisphère occidental. Il a peut-être appris de nouveaux faits qui ont changé son opinion.

La tentative infructueuse de la marine américaine de sécuriser la navigation à travers la mer Rouge contre les attaques des Houthis au Yémen a peut-être provoqué une telle réflexion. Tout comme peut-être la perte de la guerre par procuration des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine.

Ou a-t-il comparé des vidéos du défilé militaire américain « woke » à Washington DC (vidéo) plus tôt cette année avec le récent défilé sans faille en Chine (vidéo) ? La différence est en effet flagrante. Elle démontre que les États-Unis n’ont aucune chance de gagner une guerre contre la Chine.

Trump semble admettre que la Chine est en train de gagner :

Donald J. Trump @realDonaldTrump – 4 septembre 2025, 22: 14 UTC

On dirait que nous avons perdu l’Inde et la Russie au profit de la profonde et sombre Chine. Puissent-ils avoir un avenir long et prospère ensemble !

Président Donald J. Trump

Il est cependant difficile de croire que l’administration Trump sera en mesure de changer la stratégie générale américaine. Tout changement ne se produira forcément qu’à un rythme d’escargot. Il aurait besoin du soutien de tous les partis sur plusieurs administrations. Le pivot vers l’Asie a été lancé par l’administration Obama en 2010 et a depuis été suivi par tous les présidents suivants.

Tiré de l’article de Politico :

Elbridge Colby, le chef de la politique du Pentagone, dirige la stratégie. Il a joué un rôle clé dans la rédaction de la version 2018 pendant le premier mandat de Trump et a été un fervent partisan d’une politique américaine plus isolationniste. Malgré sa longue expérience en tant que va-t-en-guerre antichinois, Colby s’aligne sur le désir de vice-président JD Vance de ne plus engager les États-Unis dans des guerres à l’étranger.

L’équipe politique de Colby est également responsable d’un prochain examen de la posture mondiale, qui décrit où les forces américaines sont stationnées dans le monde entier, et d’un examen de la défense aérienne et antimissile du théâtre, qui fait le point sur les défenses aériennes des États-Unis et des alliés et fait des recommandations sur l’emplacement des systèmes américains. Le Pentagone devrait publier les deux examens dès le mois prochain.

On s’attend à ce que la nouvelle revue de la posture mondiale rapatrie les ressources militaires américaines d’Europe, et probablement aussi d’Asie, vers les États-Unis.

Mais cette posture pourrait bien se limiter à un simple déménagement des ressources.

Au cours de la dernière année, les États-Unis ont exhorté leurs « alliés » à investir davantage dans la défense qu’auparavant. Rapatrier les ressources américaines pendant que les alliés prennent le relais n’est pas un véritable changement de stratégie.

Les États-Unis se retirent de l’Ukraine mais poussent les Européens à poursuivre la guerre contre la Russie. L’objectif général d' »affaiblir la Russie » reste donc le même.

Ainsi, alors que les ressources militaires américaines diminuent ou se déplacent vers des problèmes géographiquement plus proches, l’objectif global de la grande stratégie, la réalisation de la primauté mondiale des États-Unis, pourrait bien rester le même. C’est juste que d’autres sont poussés à porter le fardeau pour eux. La pression que Colby exerce sur l’Australie et le Japon en est un signe.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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