Quentin, Justin… ces prénoms de mineurs que les médias s’autorisent à révéler ~ Songkrah
En revanche, gare à vous si vous osez rendre publique l'identité d'un suspect mineur au prénom exotique !
Elle s’appelait Mélanie. Mardi 10 juin, cette jeune femme est morte à Nogent, en Haute-Marne, victime d’une attaque au couteau survenue au sein du collège où elle occupait le poste d’assistante d'éducation. Elle était maman d'un petit garçon de quatre ans.
Rapidement, son CV complet a été déroulé dans la presse : trentenaire dévouée, investie en tant que conseillère municipale, ancienne coiffeuse, puis, depuis septembre 2024, chargée d'encadrer les élèves en dehors des temps de classe au collège Françoise Dolto.
Sur l’assaillant en revanche, très peu d’informations ont filtré dans un premier temps. On a seulement su son âge, son absence de casier judiciaire et son profil « tout à fait normal ». Le suspect étant mineur, il est vrai que les médias sont tenus à une certaine retenue. Mais dès l’ouverture de son JT de 13 heures, l’audiovisuel public a brisé l’omerta et s’est permis de divulguer le prénom du jeune homme : Quentin.
Il est à peine 13h01 et France TV n’hésite pas donner le nom du collégien meurtrier… Quentin G. pic.twitter.com/GkueSf8L59
— Destination Télé (@DestinationTele) June 10, 2025
L’information a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, suscitant parfois des commentaires ironiques. « Mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen, Jordan Bardella et Eric Zemmour : le gamin de 14 ans qui a poignardé à mort une surveillante de collège à Nogent se prénomme Quentin. Va falloir chercher une autre explication que le "grand remplacement" », a ainsi ironisé Jérôme Godefroy, ancien présentateur du journal de RTL de la mi-journée. « L’extrême droite n’en parlera pas parce que le jeune qui a tué Mélanie s’appelle Quentin », a ajouté l’influenceur algérien Kamil Abderrahman. Mauvaise pioche : la droite dans son ensemble a passé tout le reste de la journée à commenter le meurtre de la malheureuse Mélanie.
Les prénoms autorisés
La révélation par un média de service public du prénom d’un suspect mineur a de quoi étonner. « Vous remarquerez que lorsque le tueur au couteau s'appelle Quentin, on a le droit de publier son prénom, même s'il est mineur », a ainsi observé un internaute attentif. Ce n’est effectivement pas la première fois que l’interdiction de dévoiler l’identité d’un suspect mineur - édictée par l’ordonnance de 1945 - est allègrement piétinée. En avril dernier, certains s’étaient assis sur leurs beaux principes déontologiques et avaient publié le prénom d’un jeune de 16 ans, suspecté d’être l’auteur d’une attaque mortelle dans un lycée à Nantes.
Moi qui croyais que les prénoms devaient rester cachés lorsqu'on avait affaire à des mineurs. Visiblement, cette règle n'est plus de rigueur lorsque l'individu se prénomme Justin... https://t.co/pqm4dSoRZE
— Jean Kast (@jeankastoff) April 24, 2025
En décembre 2023 déjà, les médias n’avaient eu aucun mal à dévoiler le prénom, mais aussi le dossier médical, d’un jeune de 15 ans, accusé du meurtre de ses parents. Il faut croire que Justin, Quentin et Valentin font partie de ces rares prénoms qu’il est permis de communiquer au public...
Les prénoms interdits
À l’inverse, un embargo total fut imposé concernant l’identité des suspects dans l’affaire du meurtre raciste de Thomas à Crépol. Et pour cause : « Ça veut dire que ce sont des Maghrébins. S’ils s’appelaient Patrick, Roger ou David, on le saurait déjà », confia une source policière à nos confrères de Valeurs actuelles. « Ils sont français, mais pas un seul n’a un nom à consonance française », confirma ensuite au Figaro un membre bien informé du gouvernement.
Mais gare à ceux qui osent révéler les prénoms trop exotiques. Sur X, Jean Messiha a indiqué avoir été convoqué par la police sur instruction du Parquet pour avoir relayé le prénom du principal suspect dans l’affaire de Crépol. « Par contre, là, comme le meurtrier de Mélanie la surveillante à Nogent, s’appelle Quentin, dans l’heure, les médias ont fuité son prénom, son âge, sa ville, ses antécédents, etc. »
J’ai été convoqué par la police sur instruction du Parquet pour avoir relayé le prénom de l’ordure maghrébine qui a poignardé Thomas à Crepol.
— Jean MESSIHA (@JeanMessiha) June 10, 2025
Par contre, là, comme le meurtrier de Mélanie la #surveillante à Nogent, s’appelle Quentin, dans l’heure, les médias ont fuité son…
Quand les prénoms sont trop dérangeants, les médias ne font pas que les cacher, il leur arrive aussi de les modifier. Dans l’affaire Elias, cet ado tué à Paris à coups de machette, Le Parisien choisit de baptiser audacieusement les suspects « Joe » et « Lucien ». « Tous les prénoms des mineurs ont été changés sauf celui de la victime décédée », reconnut néanmoins le quotidien.
Souvenez-vous aussi de cette petite fille juive violée à Courbevoie en juin 2024 par trois jeunes musulmans. Âgé de 12 ans, l’instigateur présumé du crime eut droit lui aussi à un prénom d’emprunt : la presse le rebaptisa « Lorenzo ».
Cette opération de manipulation n’est hélas pas nouvelle. « Je confirme ! J’ai fait partie de ces journalistes dans les années 90, au motif que les prénoms n’étaient pas signifiants et qu’il ne fallait pas donner des arguments au FN », tweeta Bernard de La Villardière, figure du groupe M6, en juillet 2020.
Cela fait donc plusieurs décennies que les médias désinforment en falsifiant le réel. Sous couvert d’antiracisme, rendant difficile, voire impossible tout diagnostic honnête de la situation et tout traitement efficace. Jusqu’à quand ?
songkrah.blogspot.com
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