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√Implications plus profondes des mystifications de Von der Leyen sur le soi-disant brouillage GPS russe de son avion ~ Songkrah


Par Andrew Korybko − Le 9 septembre 2025 − Source Blog de l’auteur

L’OTAN pourrait instrumentaliser cette supercherie pour lancer contre Kaliningrad des opérations provocatrices de guerre électronique, massives mais avec un « déni possible », qui feraient significativement augmenter le risque d’un accident impliquant des civils.

La semaine dernière, le chef du bureau de Bruxelles du Financial Times, Henry Foy, a semé la panique en Europe en rapportant que la guerre électronique russe avait réussi à brouiller le GPS de l’avion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, alors qu’il s’apprêtait à atterrir en Bulgarie. Cette idée que Poutine aurait tenté d’assassiner une dirigeante occidentale par des moyens de « déni de service » est venue conforter l’objet de sa visite en attirant l’attention sur la prétendue « menace russe » à laquelle font face les États en première ligne.

Le problème, c’est que cet incident n’a jamais eu lieu. FlightRadar24, la source la plus fiable au monde pour les vols aériens, a partagé des données qui invalident cette affirmation. La Bulgarie elle-même est ensuite revenue sur son soutien initial à cette histoire – ce que sa direction pro-occidentale n’aurait jamais fait si elle avait été avérée. Politico a ensuite publié, à son crédit, un article sur la manière dont cette allégation commence à s’effilocher. Tout ceci a donné du poids aux dénégations des officiels russes concernant le brouillage de l’avion de von der Leyen.

Le reportage de Foy s’est donc révélé être une mystification. Reste à savoir pourquoi ce récit fallacieux, sous-entendant que la Russie a cherché à assassiner une leader occidentale par des moyens de « déni de service », a été propagé en premier lieu – que ce soit de sa propre initiative ou de concert avec d’autres. Si les observateurs occasionnels y verront peut-être une simple manœuvre pour marquer des points à bon compte dans la guerre informationnelle contre la Russie à un moment politiquement opportun (le voyage de von der Leyen dans les pays frontaliers), l’affaire pourrait être plus complexe.

Les observateurs avertis se souviendront des menaces récurrentes proférées contre l’enclave balte russe de Kaliningrad depuis le début de l’opération spéciale. On pense au blocus temporaire de la région par la Lituanie, au changement de nom opéré par la Pologne qui l’a rebaptisée « Krolewiec » en référence à une époque révolue où elle était un fief polonais, ou encore au renforcement militaire de l’OTAN, motivé en partie explicitement par la neutralisation des forces militaires russes présentes sur place. Il ne serait donc pas farfelu de poser l’hypothèse que la mystification de Foy vise à justifier des opérations agressives de brouillage des signaux ciblant Kaliningrad.

En août, le « SVR a de nouveau mis en garde contre une provocation sous faux drapeau britannico-ukrainienne en mer », rappelant le rôle de la Baltique dans les tensions actuelles. Sa transformation symbolique en « lac de l’OTAN » depuis l’adhésion de la Finlande et de la Suède – après des décennies de coopération étroite qui les rendaient de facto membres – pourrait avoir enhardi l’Occident à monter de vastes provocations de guerre électronique de « déni de service » contre Kaliningrad. De quoi redonner du moral à l’Ouest.

Bien que l’OTAN serait directement mise en cause en tant que seule coupable plausible, le Bloc pourrait escompter que les tensions restent malgré tout gérables, tout en recueillant les louanges du public pour avoir autorisé des opérations « audacieuses » de guerre hybride sur le territoire russe. Cette hypothèse est pourtant périlleuse : elle postule, bien imprudemment, que ce brouillage agressif des signaux ne provoquera pas d’accident civil. Si un tel drame survenait, la Russie pourrait déchaîner pleinement son potentiel de guerre électronique contre l’Occident, déclenchant une escalade symétrique rarissime.

Bien entendu, il est également possible que la mystification de Foy autour du GPS de von der Leyen n’ait été qu’une vaine tentative de marquer des points à bon compte contre la Russie. Mais on ne saurait exclure qu’il s’agissait d’une opération de manipulation de la perception visant à servir l’objectif précité. Kaliningrad reste une cible trop tentante pour que les fauteurs de guerre occidentaux l’ignorent, surtout pour ceux qui cherchent à provoquer une crise capable d’entraîner Trump plus avant dans une dérive stratégique ingérable. Et cette supercherie fournit le prétexte pour tenter le coup.

Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

songkrah.blogspot.com

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