√Trump échoue à mettre fin à la guerre par procuration contre la Russie ~ Songkrah
Par Moon of Alabama – Le 23 octobre 2025
Existe-t-il un politicien moins fiable que le président américain Donald Trump ?
Lors du sommet d’août à Anchorage avec le président russe Vladimir Poutine, Trump visait un cessez-le-feu le long de la ligne de front en Ukraine. Mais Poutine avait clairement indiqué que la guerre nécessitait une solution à long terme contre le problème sous-jacent, l’élargissement de l’OTAN, et qu’un cessez-le-feu préliminaire ne serait pas utile à cet égard. La Russie a également exigé le contrôle total du Donbass et d’autres régions.
Trump a accepté cela et l’a annoncé comme le brillant résultat des pourparlers. C’était son premier acte pour résoudre le problème.
Mais l’ancien président ukrainien Zelenski a rejeté tout retrait des régions que la Russie entend acquérir. Les politiciens européens, qui craignent de perdre la guerre contre la Russie, ont manifesté leur désaccord. Les va-t-en-guerres républicains du Congrès ont également fait pression sur Trump.
Un mois après les pourparlers en Alaska, Trump a changé de position. Ce fut son deuxième acte. Il a critiqué Poutine et menacé la Russie de nouvelles sanctions. Des discussions sur l’envoi de missiles de croisière Tomahawk en Ukraine sont apparues.
La veille du jour où Zelenski étaitt censé se rendre à la Maison Blanche, Poutine est intervenu de manière préventive en appelant Donald Trump au téléphone. Il s’ensuivit un autre, le troisième, changement d’esprit. Trump a annoncé qu’il y aurait bientôt un autre sommet. Le Kremlin fut plus prudent avec cette affirmation. Il a déclaré qu’un sommet nécessiterait une préparation approfondie.
Les Européens, Zelenski et les va-t-en-guerres républicains ont immédiatement renouvelé leur campagne contre tout accord avec la Russie.
Un appel téléphonique entre le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’en est suivi. Après l’appel, toute préparation supplémentaire pour un autre sommet a été annulée.
Trump a – pour la quatrième fois – changé d’avis et a de nouveau exigé un cessez-le-feu en Ukraine. Les Russes ont déclaré que cela constituait une violation des accords conclus lors des pourparlers d’Anchorage.
Alors que Trump niait toute discussion sur les Tomahawks pour l’Ukraine, il a levé la restriction sur l’utilisation par l’Ukraine de missiles à longue portée (archivé) pour bombarder la Russie :
La décision inopinée des États-Unis de permettre à Kiev d’utiliser le missile en Russie intervient après que l’autorité pour soutenir de telles attaques a récemment été transférée du secrétaire à la Défense Pete Hegseth au Pentagone au plus haut général américain en Europe, le général Alexus Grynkewich, qui est également commandant de l’OTAN.
Les États-Unis ont également imposé des sanctions contre deux grandes sociétés pétrolières russes (archivé) et leurs filiales :
Le président Trump a annoncé mercredi qu’il imposait de nouvelles sanctions importantes à la Russie pour la première fois de son deuxième mandat, soulignant un nouveau degré de frustration à l’égard du président Vladimir V. Poutine après l’échec d’un plan de rencontre entre les deux dirigeants à Budapest.
Les nouvelles sanctions ont été annoncées au moment où le président s’asseyait dans le bureau ovale avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, qui s’était envolé pour Washington au nom d’une coalition de dirigeants européens désespérés de garder M. Trump du côté de l’Ukraine.
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L’irritation de M. Trump à l’égard du dirigeant russe était évidente mercredi. “Chaque fois que je parle avec Vladimir, j’ai de bonnes conversations, et puis elles ne mènent nulle part”, a-t-il déclaré. « Elles ne mènent vraiment nulle part.”
Il a expliqué sa décision de saborder le sommet de Budapest qui était prévu depuis un certain temps dans les semaines à venir. “C’est juste que ça ne me semblait pas bien”, a déclaré M. Trump. “Je n’avais pas l’impression que nous allions arriver là où nous devions aller. Alors je l’ai annulé.”
Quant aux sanctions ?
“J’ai juste senti que c’était le bon moment”, a-t-il déclaré.
Le même jour, le président russe Poutine a estimé que c’était le bon moment pour tester la capacité nucléaire de la Russie :
“Aujourd’hui, nous menons un exercice planifié – je tiens à souligner, planifié – de commandement et de contrôle des forces nucléaires”, a déclaré Poutine lors d’une vidéoconférence avec les plus hauts gradés de l’armée.
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Des vidéos partagées par la chaîne de télévision militaire publique Zvezda ont montré le lancement d’un missile balistique intercontinental Yars depuis le cosmodrome de Plesetsk, dans le nord de la Russie, et d’un missile balistique Sineva tiré depuis le sous-marin à propulsion nucléaire Bryansk dans la mer de Barents. Des bombardiers à longue portée Tu-95MS ont également tiré des missiles de croisière à lancement aérien, a indiqué le ministère de la Défense.
Les nouvelles sanctions auront, comme toutes les précédentes, peu d’effet sur la Russie. Les prix mondiaux du pétrole augmenteront et la Russie trouvera des moyens de commercialiser son pétrole à des prix plus élevés.
Les sanctions ne fonctionnent pas. Le Government Accountability Office des États-Unis a récemment constaté que les États-Unis volent à l’aveugle et n’ont même pas les moyens de mesurer l’effet des sanctions qu’ils imposent :
Les agences américaines principalement responsables de la mise en œuvre des sanctions et des contrôles à l’exportation contre la Russie n’ont pas établi d’objectifs clairement définis liés à des résultats mesurables sur certaines cibles pour leurs activités. Par conséquent, les agences ne peuvent pas évaluer pleinement les progrès accomplis dans la réalisation de leurs objectifs, limitant ainsi la capacité du gouvernement américain à déterminer l’efficacité de ses sanctions et de ses efforts de contrôle des exportations liés à la Russie. Ces informations sont cruciales pour améliorer les efforts actuels et éclairer l’utilisation future des sanctions et du contrôle des exportations.
La Chine a déjà annoncé qu’elle rejetait toute sanction secondaire que les États-Unis tenteraient d’imposer alors que la Chine continue d’acheter du pétrole russe. L’Inde, qui paie le pétrole russe en yuans, réagira probablement de la même manière.
L’UE vient d’émettre sa 19e série de sanctions contre la Russie. Aucun de ces cycles n’a eu d’effets sur la Russie alors que tous ont endommagé les économies européennes. Comme le dicton, attribué à tort à Albert Einstein, le dit : “La folie, c’est faire la même chose encore et encore et s’attendre à des résultats différents.”
Il n’y a tout simplement aucun moyen pour les États-Unis et/ou leurs vassaux européens d’empêcher une victoire russe en Ukraine. Insister sur un résultat différent ne changera pas les faits sur le terrain.
Comme l’écrit Aaron Maté :
En matière d’intransigeance, celle de la Beltway n’est pas contestée. Les perspectives dominantes ont été émises plus tôt cette année par le leader républicain de longue date du Sénat, Mitch McConnell. “Il me semble assez évident que la réputation de l’Amérique est en jeu”, a déclaré McConnell au secrétaire à la Défense Pete Hegseth. “Nous ne voulons pas d’un titre à la fin de ce conflit qui dise que la Russie a gagné et que l’Amérique a perdu. C’est extrêmement important si nous voulons continuer à jouer le rôle dans le monde alors que la grande majorité des membres du Congrès pensent que nous devrions encore le jouer.”
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L’alternative au refus de McConnell de “perdre” est le compromis. Comme l’a récemment déclaré Fiona Hill, une experte de la Russie qui a servi lors du premier mandat de Trump : les Russes « veulent toujours quelque chose qu’ils peuvent apporter à la banque, un accord avec lequel ils peuvent tenir les États-Unis« . En d’autres termes, les Russes s’intéressent à la diplomatie – un concept étranger aux législateurs et bureaucrates vétérans à Washington. Si Trump est sérieux au sujet de la fin de la guerre par procuration en Ukraine, il devra aller au-delà de ses allers-retours rituels avec Zelensky et défier le puissant obstacle à la paix à Washington.
Trump semble savoir qu’il ne peut mettre fin à la guerre qu’avec un compromis qui donnera en grande partie à la Russie ce qu’elle veut. Mais il manque de soutien, de volonté et de pouvoir pour y parvenir.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
songkrah.blogspot.com
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