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√NYT – Des « experts » qui ne connaissent pas l’Iran émettent des hypothèses à son sujet ~ Songkrah


Par Moon of Alabama – Le 30 juin 2025

Une grande partie des malentendus des décideurs politiques américains à l’égard des pays étrangers est due à la mauvaise qualité des reportages dans les médias américains.

Voici un exemple parmi tant d’autres :

Après la guerre avec Israël et les États-Unis, l’Iran est au bord du gouffre (archivé) – NY Times, 29 juin 2025

La République islamique se remet péniblement du conflit qui a duré 12 jours. Quelle direction va prendre le pays à présent ?

Cet article a été rédigé par Roger Cohen, « chef du bureau parisien du Times », depuis Dubaï.

L’introduction est quelque peu étrange :

Roxana Saberi avait l’impression d’être de retour derrière les barreaux à Téhéran. En regardant Israël bombarder la prison d’Evin, le centre de détention tristement célèbre au cœur de la répression politique iranienne, elle frissonnait en se remémorant son isolement cellulaire, les interrogatoires incessants, les accusations d’espionnage fabriquées de toutes pièces et le procès truqué qu’elle avait subis pendant ses 100 jours d’incarcération en 2009.

Comme beaucoup d’Iraniens de la diaspora et de son pays, Mme Saberi était partagée entre son rêve d’un effondrement du gouvernement qui libérerait l’immense potentiel du pays et son inquiétude pour sa famille et ses amis alors que le nombre de victimes civiles augmentait. Son désir de libération et son souhait d’un cessez-le-feu se disputaient la première place dans son cœur.

Ce langage « nostalgique » conviendrait mieux à l’introduction d’un essai soft-porn. Mais il n’a rien à voir avec la question à laquelle l’article est censé répondre (mais ne répond pas).

Roxana Saberi est née aux États-Unis d’une mère iranienne et d’un père japonais. Elle vit avec ses parents dans le Dakota du Nord. Elle n’a passé que six de ses 48 années en Iran, où elle a travaillé jusqu’en 2009 comme journaliste pour divers médias occidentaux de propagande. Après avoir été trouvée en possession de documents secrets, elle a été emprisonnée puis expulsée du pays.

Comment pourrait-elle nous dire où va l’Iran ? Elle ne le peut pas.

Tout comme les autres personnes citées dans cet article trop long :…

 a déclaré Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Chatham House, un groupe de réflexion londonien.

Et qui est-ce ?

À Chatham House, Sanam dirige un portefeuille diversifié d’initiatives de recherche et de politique, traitant de questions cruciales telles que la sécurité et les transitions économiques dans les pays arabes du Golfe, les ambitions régionales de l’Iran, la gouvernance et la réforme politique, l’autonomisation des femmes et l’intersection des défis climatiques et socio-économiques.

Une autre source du New York Times :…

 a déclaré Abdulkhaleq Abdulla, éminent politologue des Émirats arabes unis. « Une République islamique affaiblie pourrait tenir quatre ou cinq ans. »

En regardant le CV d’Abdulkhaleq Abdulla, je me demande en quoi il est éminent « aux Émirats arabes unis » :

Le Dr Abdulkhaleq Abdulla est chercheur principal au sein de l’Initiative pour le Moyen-Orient du Belfer Center for Science and International Affairs de la Harvard Kennedy School. Il est ressortissant des Émirats arabes unis…

Le professeur Abdulla a été boursier Fulbright, professeur invité au Center for Contemporary Arab Studies de l’université de Georgetown et chercheur principal à la London School of Economics. Il est titulaire d’un doctorat en sciences politiques de l’université de Georgetown et d’une maîtrise de l’American University.

Je constate que cette liste comprend de nombreux universitaires américains méritants, mais peu d’entre eux ont une expérience du Golfe.

Un autre des « experts » du New York Times :…

 a déclaré Jeffrey Feltman, chercheur invité à la Brookings Institution à Washington.

Feltman est un ancien diplomate américain qui a passé des années à Tel-Aviv, mais aucune en Iran. La Brookings Institution, où il réside, est l’éditeur de la brochure Which Path To Persia, qui est toujours le manuel actuel pour un changement de régime à Téhéran.

Et enfin, un « expert » au moins quelque peu local :

« Le peuple iranien en a assez d’être traité comme un paria, et certains ont été plus attristés par le cessez-le-feu que par la guerre elle-même », a déclaré Dherar Belhoul al-Falasi, ancien membre du Conseil national fédéral des Émirats arabes unis.

« Attristés par le cessez-le-feu » ? Comment Falesi pourrait-il le savoir ? Il a été cité dans les médias sionistes lorsqu’il a refusé de donner l’argent des Émirats arabes unis au Hamas ou à l’Autorité palestinienne parce qu’ils sont « corrompus ». Bien sûr. Comment pourraient-ils ne pas l’être ? Mais que sait-il des Iraniens ?

Voilà. Un article du New York Times qui diagnostique que l’Iran est « au bord du gouffre » en se basant sur cinq « experts » dont aucun ne se trouve en Iran ou n’y a récemment (voire jamais) mis les pieds. Mais tous proviennent du même milieu des universitaires ou des « think tanks » spécialisés dans la politique étrangère américaine qui vivent de ces articles et les digèrent.

On a l’impression d’un regard extérieur sur un objet mystérieux, avec des suppositions aléatoires sur ce qu’il pourrait contenir.

Ce n’est qu’un remix des mêmes opinions qui sont répétées depuis des années. Comment un décideur politique est-il censé comprendre l’Iran à partir de cela ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

songkrah.blogspot.com

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